Revenir plus Fort




Le Salon Nautique de Paris représente pour nous tous un rendez-vous incontournable du monde de la voile. Au-delà de l’image d’une grande fête avec tous les copains du métier, c’est là que bien souvent les nouveaux équipages se forment, c’est là que les contrats se signent, c’est encore là que le programme sportif de l’année à suivre est dévoilé aux compétiteurs… 

Bref, c’est LE rendez-vous à ne pas manquer !

C’est le début, mais aussi une fin car en effet, profitant du rassemblement massif de tous les acteurs du nautisme, le Salon Nautique de Paris est un moment unique où les prix, les médailles, les récompenses sont attribuées aux sportifs ayant performé tout au long de l’année…

La Mini Transat 6.50 ne déroge pas à la règle, et je profite de cette période pour remercier Benoît HANTZPERG de nous avoir fait rêver à travers son projet YCA Dhumeaux Secours Populaire "en route pour la Guadeloupe".

Les avaries successives ont eux raison des ambitions de Ben : je vous propose un petit coup de rétroviseur… Retour sur une Mini Transat inachevée.




Benoît HANTZPERG :


"Nous sommes le matin du départ, le bateau a été vérifié de fond en comble depuis 5 jours. Le générateur qui me permet de recharger les batteries a été vérifié à la fin de la première étape et depuis mon retour ne présente aucune anomalie. Sauf que ce matin là,  à quatre heures du départ il refuse de démarrer. Branle bas de combat, nous arrivons à trouver une personne pour le remettre en état de marche et top départ pour la deuxième étape avec une confiance limitée concernant mon générateur.

Les conditions sont musclées et personne ne semble vouloir ralentir. Les bateaux sont en surpoids entre la nourriture et l'eau embarquée pour 17 jours de course, le passage des vagues se fait difficilement. Nous allons plus vite que les vagues et 4 heures après le départ une vague un peu plus raide que les autres me fait ralentir à son sommet, je pousse beaucoup d'eau, dépasse la vague et vais m'encastrer dans la vague d'en face. Le sommet de la vague derrière est en train de déferler, me rattrape et termine sa course dans le bateau à l'arrêt. Toute cette eau est rentrée à l'intérieur. Mon groupe électrogène prend littéralement un bain ainsi que tous mes vêtements qui ont traversé le bateau suite à la violence du planté. Je vide, je sèche et je ne lâche rien toute la nuit.

Le lendemain je dois recharger les batteries, le générateur démarre péniblement mais il démarre. Les journées sont d'une grande intensité entre Ian Lipinski, Julien Pulvé et moi. La nuit j'arrive à voir leurs feux. La mer est croisée et il est difficile de mettre le pilote, on se repose en moyenne 3 h par jour.

Au bout de 48 h le générateur ne veut plus démarrer, rien n'y fait, démontage, remontage, j'essaie de ne pas perdre de terrain et surtout de ne rien laisser transparaître au deux loups à  côté de moi. Je dois économiser mon énergie, je n'utilise plus mon GPS et je ne peux plus régler mon pilote au maximum de son potentiel ...

Le 3 novembre au matin, je viens de dormir 2 bonnes heures et m'apprête à annoncer à mes concurrents que je vais prendre la route du Cap-Vert pour changer de groupe électrogène. Pour moi rien de catastrophique car c'est sur une route Sud que j'avais choisi de partir.  C'est à ce moment là que j'apprends par VHF que je suis Papa. Le bonheur est court, j'annonce à mes deux concurrents mes intentions et puis deux heures plus tard, alors que je viens d'installer mon pilote de secours beaucoup moins énergivore, je pars à l'abattée... Cette figure de style aura pour conséquence le bris de ma ferrure d'étai. Cette pièce principale qui tient le tangon et le mât. Je ne peux pas la réparer en mer donc c'est sans spi que je dois rejoindre Mindelo. 

Pour moi tout s'effondre à cet instant, la chute est dure et je suis fatigué, je broie du noir pendant 40 heures, les 40 heures les plus difficiles de ma vie. La sensation d'avoir tout loupé, aussi bien la transat envers les gens qui m'ont suivi et supporté qu'envers ma nouvelle famille. Durant ces 40h le bateau a plus souffert que durant l'année de navigation. Les lattes du génois se cassent et déchirent la voile, le film s'arrache. Sur la grand voile les lattes raguent sur les haubans, les goussets sont percés. Quand je suis sous pilote la GV empanne toute seule et les bastaques à deux reprises arrachent le panneau de descente. La liste est longue entre les les ferrures de safrans qui se dévissent, les batteries à plat qui m'obligent à barrer plus d'une vingtaine d'heures par jour...

Je suis accueilli à Mindelo par un vent fort, plus de 40 noeuds à l'entrée du port. Un marin russe me prend en remorque car il est impossible pour moi de rentrer au port avec ces conditions, l'accueil est chaleureux entre les deux ministes déjà au port (Pierre-Marie et Alberto) et un couple de Brestois et leurs enfants qui sont en escale avant la grande traversé vers les Antilles.

Je prends un peu de repos puis commence à démonter le bateau. Mes intentions sont de repartir le sur-lendemain au matin. J'achète un groupe électrogène et répare mon balcon avant. 
Mais les ennuis commencent, le groupe électrogène neuf sort du 40 volts au lieu de 220, le nouveau ridoir d'étais n'a pas le bon filetage et je dois refaire sertir le câble et faire du bricolage pour le maintenir en place. Pour rester en course je ne dois pas rester plus de 72H en escale, tous mes espoirs s'envolent quand j'apprends que pour avoir un groupe électrogène fonctionnel il y a une semaine de délai. Je ne peux pas repartir en course dans de bonnes conditions avec le délai qui m'est imparti. Le choix difficile de l'abandon s'impose à moi, car je me vois mal faire la traversée hors course avec un bateau en mauvais état. L'aventure de la mini Transat s'arrête là.

Je reste 5 jours au Cap Vert avec les 2 autres ministes qui ont également dû abandonner, afin de prévoir le rapatriement de nos bateaux en France. J'arrive à Brest  le 12 novembre, Sophie et Zoé m'attendent à l'aéroport. Je rencontre enfin ma fille, qui a déjà 10 jours, et démarre une nouvelle aventure, celle d'être papa!

Je vous remercie tous de m'avoir accompagné et soutenu dans mon projet de Transat. Sans votre soutien, cette aventure n'aurait pas été possible. Même si je n'ai pas pu aller au bout et arriver en Guadeloupe, j'ai appris énormément et se fut une expérience constructive.

J'espère pouvoir prendre le départ de la prochaine Mini Transat dans 2 ans et faire un résultat aussi élevé que mes ambitions.

A bientôt, Benoit."






Merci à toi Ben Tu as prouvé que tu savais aller vite à bord de ton Pogo 3 Mini Moi, pour 2017 nous sommes tous à tes côtés pour t’aider à aller loin, et remporter cette belle aventure !


...



Nous profitons de ce post pour apporter tout notre soutien à Paul MEILHAT et à ses proches.




Secouru par hélitreuillage depuis son IMOCA 60 pieds SMA il y a un peu plus de 24h au large des Açores, (il participait à la Transat en Solitaire B to B ralliant Saint Barth à Port la Forêt), Paul est maintenant entre de bonnes mains. Nous espérons tous qu'il pourra rapidement s'orienter vers une convalescence sereine et une remise sur pieds au plus vite. Le bilan est assez lourd avec un bassin et une côte touché... Courage Paul !






Le bateau sera quant à lui récupéré par son équipe technique dans les plus brefs délais, et sera de retour à Port la Forêt d'ici Noël. L'objectif est plus que jamais d'actualité, et les performances de Paul à la barre de son 60' SMA sont plus que parlantes : plein gaz pour le Vendée Globe 2016 !!




La Wild Team Association vous souhaite à toutes et à tous
d’excellentes fêtes de fin d’année. 



Prenez bien soin de vous les amis.




A Way of Life !




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